architecture Vernaculaire

 

histoire, intégration dans le paysage, matériaux, savoir faire, pratique sociale de la construction… Voici,
 
 
 
 

l’architecture Vernaculaire

 

Sauvegarder l’âme et l’identité de nos paysages

 
Vernaculaire, désigne depuis l’époque romaine (vernaculus) ce qui est fabriqué à la maison, par opposition à ce que l’on se procure de l’extérieur. Par extension sera qualifié de vernaculaire tout ce qui est propre à un lieu, une communauté, une région, que ce soit le langage lui même, une plante, une race animale, un savoir faire, ou un mode de construction. Porté par la grande vague du DIY, du recyclage, du local, le vernaculaire a la côte aujourd’hui, même en matière d’architecture.

Une construction vernaculaire est donc avant tout une habitation ou un lieu de travail, une grange, un atelier, une échoppe, bâti par ses usagers pour leur propre usage. Nos paysages ruraux se sont ainsi érigés jusqu’au début du XXème siècle, autours des fermes, et nos villages et faubourgs, par l’alignement d’échoppes, d’ateliers et d’habitations. C’est encore ainsi que se loge ou s’abrite une grande partie de la population mondiale, en particulier dans les interminables bidonvilles asiatiques et sud-américains.

L’architecture vernaculaire est « située », en cela qu’elle est très fortement liée à un lieu et à la communauté qui y vie. Du lieu, seront prélevés les matériaux de construction, que ce soit la paille, le bois, la terre ou la pierre, et seront perçues puis gérées les contraintes environnementales : la topographie et le climat. De la communauté, de sa culture, de ses pratiques sociales, de ses techniques et de ses activités, naîtront des savoir-faire dans la façon d’utiliser et d’agencer les matériaux locaux, une certaine façon d’investir le lieu ensemble, d’y travailler, et une certaine façon aussi d’occuper, individuellement (ou pas), les bâtiments, les maisons. L’architecture vernaculaire se réfère ainsi tout autant à l’art de construire qu’à l’art d’habiter.

La construction vernaculaire n’a donc rien de figée et d’immuable ; au contraire elle n’a cessé d’évoluer au cours du temps, comme ont évolué les modes de vie, et peut changer du tout au tout d’une région à l’autre, voire d’une vallée à l’autre, d’un versant à l’autre. C’est cette réciprocité des interactions entre l’homme et la nature, entre histoire populaire et géographie, qui confère à l’architecture vernaculaire sa diversité et sa richesse, et donne âme (immatériellement) et identité (matériellement) à nos paysages.

Le développement de l’industrie et de l’économie de marché mit fin en occident à cette architecture vernaculaire, pour laisser place à des modes de construction standardisés et professionnalisés qui ont donné au bâti une valeur marchande (en opposition à la valeur patrimoniale d’antan). L’architecture moderne, puis post-moderne ont entrainé une mondialisation de l’art de construire, en imposant un art d’habiter au mépris des cultures locales et de l’esprit des lieux.

Aujourd’hui, la fin annoncée de l’aire industrielle, la critique de l’économie de marché et de la mondialisation redonnent quelques couleurs à l’architecture vernaculaire. Mais il nous faut bien avoué que se renouveau, mis en avant par de grandes agences d’architecture (même si ce ne sont pas les « starchitectes ») sur des commandes publiques ou de la part de gros investisseurs, s’appui sur une vision quelque peu édulcorée du « vernaculaire ». Elle séduit dans tous les cas le jury du Pritzler Architecture Price, lorsqu’ils récompensèrent Wang Shu (2012), Alexandro Aravena (2016) ou RCR Arquitectes (2017). L’intérêt renaît pour les matériaux locaux et l’utilisation des savoir-faire ancestraux qui leur sont attachés. Le rapport de l’homme à son environnement, à son appropriation du lieu, redevient le point de départ du projet architectural. Mais on oubli l’essence même du « vernaculaire » : l’auto-construction par les usagers, pour les usagers, en dehors de toute implication marchande.

Pour une suite contemporaine à l’architecture vernaculaire

Pour nous, promouvoir l’éco-construction en Corrèze s’inscrit complètement dans un renouveau de l’architecture vernaculaire. Il s’agit de lui donner une suite contemporaine : Comment auto-construire en s’adaptant aux nouveaux modes de vie, aux nouveaux usages, aux nouvelles exigences écologiques ? Comment retrouver les savoirs anciens de mise en œuvre des matériaux locaux et les actualiser ? Comment s’inscrire dans l’histoire d’un lieu, réhabiliter son identité, retrouver son âme, lorsque presque cent années de construction les ont annihilé ? Comment faire renaître par le fait de construire ce rapport aujourd’hui si ténu entre l’homme et la nature ?

Chacun de nos projets tentent d’apporter des éléments de réponse…

 

Les grands textes

Rudofsky Bernard – Architecture sans architecte, brève introduction à l’architecture spontanée, Edité par l’auteur en anglais, 1964 (1980 pour la traduction française Edition du Chêne)

Pierre Frey – Learning from Vernacular – Pour une nouvelle architecture vernaculaire, Acte Sud, 2010

Manifeste pour une frugalité heureuse – Architecture et aménagement des territoires urbains et ruraux A. Bornarel, D. Gauzin-Müller, P. Madec, janvier 2018, https://www.frugalite.org/fr/le-manifeste.html

 

Les associations et réseaux impliqués localement

Maison Paysanne de France, http://www.maisons-paysannes.org/

Le Campus de Formation Professionnelle Compagnonnique, https://www.campus-formation.org/Ecoconstruction_r14.html

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